Portimance

"C'est du grand Jule Mathias ! Et ce dernier tome.... Quelle récompense pour le lecteur ! Assumer Rose, rire avec A Divinis et triper avec Portimance c'est pas rien un auteur qui se réinvente à chaque fois !"
CC
"L'essentiel, c'est l'incroyable beauté du style de l'auteur."
Michel Zvenigorosky
"Je crois qu'il n'y a pas d'autres romans au monde qui ainsi s'achèvent. Quel talent !"
GES
"Une claque littéraire"
J'ai eu le privilège de découvrir en avant-première dans la touffeur de la rentrée littéraire PORTIMANCE de Jule Mathias . Avec ce troisième opus, Jule Mathias livre une fois encore un curieux objet littéraire : inclassable, envoûtant, dense, sidérant, touffus et sombre comme une forêt par temps d'orage filmée par Kassovitz.
Comment décrypter ce roman déroutant, excessif, délirant, aussi répulsif qu'addictif, foisonnant de personnages aux noms improbables sortis d'une imagination sans bornes ? On y trouve tous ceux destinés à la Malebolge et ses dix fosses de l'enfer dantesque : les déviants, les corrompus sont pléthore, tuant, violant, torturant à tout va dans des délires guerriers. Apologue d'un monde en déliquescence dans lequel l'humain perd son humanité, corrompu par l'appât du gain et la griserie du pouvoir ? Les scènes extrêmes et sanglantes qui jalonnent les deux premiers livres atteignent ici une forme de paroxysme, mêlant les émotions exacerbées (amour vs haine) qui s'affrontent, se confrontent dans les chairs mises à mal. Tandis qu'un microcosme de société se forme, avec ses sages qui détiennent les secrets de la construction en des temps reculés, en des lieux inhospitaliers -on songe à Lord of the flies qu'aurait revu Christophe Bier- ce n'est qu'au vingt-sixième chapitre et après que les années ont passé que l'on retrouve Rose et Pamphile.
Ce sera aussi sur eux, spectateurs et acteurs de la sédition qui se joue face au tyran, que se baissera le rideau, en compagnie d'une tueuse aux « armes » très particulières. Entre-temps, on aura assisté à la « Naissance d'une nation » : l'épopée d'exaltés qui s'acharnent à la construction d'une cité -radieuse ? – en des lieux aux confins de la terre, où les tours sont ternaires, comme celles du palais du roi Hérode à Jérusalem, ou bien le pâle souvenir d'une Babel oubliée quand, à l'instar des bâtisseurs de cathédrales, l'une d'entre eux possède la sagesse du nombre d'or. Mais les humains sont guidés par leur soif de conquête, de domination, de mainmise sur l'autre à la couleur de peau si sombre, de tentative génocidaire et de traîtrise au mépris des valeurs humanistes délaissées mais que quelques esprits éclairés tenteront de défendre.
Il est impossible de résumer ce roman, aussi effrayant qu'un film d'horreur qu'on ne peut s'empêcher de regarder en frémissant. Faut-il y voir une fable ? Une allégorie ? Une réflexion philosophique sur notre société dont la cité Portimance et le bas-quartier de Mos-Ialpea seraient les parangons? Pamphile aime Rose, la victime son bourreau, interrogeant sur l'être profond d'un individu. Pourront-ils enfin vivre libres et heureux ?
Jule Mathias ose écrire et décrire l'indescriptible et l'indicible de l'humaine nature, avec parfois quelques traits d'un humour bienvenu et rafraîchissant. Une lueur d'espoir se profile : peut-être est-il possible de garder foi en l'être humain, en dépit de toutes les abominables turpitudes dont il est capable. L'écriture est précise, ciselée, érudite, le style particulier celui d'un écrivain exceptionnel au panthéon de la littérature française. Le choix de présent de narration pour mener ce troublant récit permet une immersion totale, sans mise à distance. Une claque littéraire hors norme dont on ne sort pas indemne. À réserver à un public averti.